Un navigateur qui se respecte sait s’adapter à toutes les situations, même en eau douce. Les acteurs de la Coupe des 3 Lacs (C3L) l’ont encore prouvé samedi dernier à Estavayer-le-Lac qui accueillait la première étape de cette compétition réservée aux juniors suisses.

Après un rapide briefing, les jeunes participants préparent minutieusement leur bateau, dans la bonne humeur. Celle du lac est beaucoup plus changeante. Des nuages très sombres s’amoncellent dangereusement à l’horizon au moment de mettre les embarcations à l’eau. Le bulletin météo annonce l’arrivée imminente d’une grosse cellule orageuse. Il s’agit de faire vite si le jury veut lancer la première régate du jour. Mais les éléments en ont décidé autrement. En quelques minutes, les navigateurs en herbe en voient de toutes les couleurs, le ciel passant du bleu au gris, puis au noir. Modéré jusque-là, le vent se met à souffler en rafales sur un lac de plus en plus démonté sur lequel la pluie tombe comme depuis un arrosoir. Un décor chaotique bientôt déchiré par les éclairs.

Comme des coquilles de noix
Dans ces conditions, le retour au port est inéluctable, aucune raison de risquer plus longtemps les frêles embarcations, ballottées sur les flots comme des coquilles de noix. La rentrée ne s’effectue pas forcément en bon ordre. Nombre de bateaux se retrouvent sur le ventre, le mât planté dans la vase ou échoués sur les rochers du rivage. La direction de course aura juste eu le temps de donner le départ des Laser, avant de sagement suspendre la compétition, sans qu’elle ait commencé.

Tout le monde finit par rentrer à bon port, seul ou remorqué. Cet épisode n’enlève pas le sourire aux jeunes aventuriers qui n’ont pas froid aux yeux, à l’image de Timo. «La voile de mon bateau s’est décrochée, mais je n’ai pas paniqué», assure-t-il malgré son peu d’expérience. «Plus petit, j’aurais probablement eu quelques frayeurs, mais mon poids me permet de bien tenir le bateau», affirme de son côté Tiago. «J’ai juste galéré pour empanner (virer de bord vent arrière). Sinon, j’aime bien quand ça bouge, ça allait vite, mais un peu trop pour continuer la régate», glisse Lynn. Petit mais costaud, Loris n’a pas échappé au chavirage, rentrant au port avec un Optimist plein d’eau. «Ça m’était déjà arrivé, donc je n’ai pas eu peur», soutient-il.

A l’instar de leurs collègues, les Broyards étaient enchantés de retrouver la compétition après plusieurs mois d’abstinence. «On a quand même continué à s’entraîner quelques fois, de façon individuelle, mais les régates nous manquaient vraiment», acquiescent les frères Mille, Mathieu et Simon. Ce dernier reste sur une belle expérience en 2019 au championnat du monde d’Optimist à Antigua. «Cette année, le championnat d’Europe a déjà été annulé et la tenue des mondiaux est improbable. C’est une petite déception», confie ce garçon talentueux, assis confortablement à l’abri.

Une forte participation
Dehors, les éléments semblent se calmer. La pluie s’est tue. Après une séance de débriefing avec leur entraîneur Mathieu Patole et une bonne raclette dans l’estomac, les jeunes Broyards repartent motivés sur l’eau pour trois régates. Le lendemain, ils remettront le couvert avec trois courses supplémentaires, dans des conditions beaucoup moins agitées que la veille, avec à la clé une excellente 2e place finale en Optimist pour Simon. Première compétition post-Covid en Suisse, cette première étape a fait le plein en termes de participation, avec 46 Opti et 7 Laser au départ, certains n’hésitant pas à venir du lac de Constance pour goûter aux joies de la compétition. Cette réussite réjouit Antoine Charaudeau et Etienne Mille qui ont organisé cet événement au pied levé. La prochaine étape aura lieu ce week-end à La Neuveville.

Cap sur de nouveaux objectifs
Malgré l’incertitude liée à la reprise, les jeunes Broyards tiennent bon le cap de leurs objectifs. Mathieu vise une sélection pour les championnats d’Europe l’an prochain en Laser. «En espérant que le calendrier le permette.» Simon espère se qualifier à nouveau pour les mondiaux en 2021. «Dans le meilleur groupe cette fois, et faire mieux qu’à Antigua. Avec une année d’expérience en plus, ça devrait le faire», souffle-t-il. Lynn aimerait participer à son premier championnat d’Europe. «Un objectif difficile à atteindre car il faut faire partie des meilleures filles du pays», prévient-elle. De son côté, Tiago ne compte pas se rendre sur toutes les courses. «Pour moi, le plaisir passe avant la compétition», avance-t-il. Timo espère progresser dans chaque domaine. «Surtout dans les départs», précise-t-il. «Mon but est de disputer toutes les étapes du championnat C3L et accumuler les régates pour continuer à apprendre», souligne Loris avec aplomb.

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