Imaginez: lors d’un vol de routine entre Grenchen et Genève, un avion de tourisme perd soudainement toute capacité de communication et de navigation. Invisible pour les radars civils, injoignable par radio, il tourne au-dessus du lac de Neuchâtel sans pouvoir communiquer. Ce scénario s’est réellement produit il y a quelques semaines dans l’espace aérien suisse.

Entre 50 et 70 cas par an
Hier à Payerne, lors d’une conférence de presse, Skyguide faisait le point sur ces situations d’urgence qui se produisent assez fréquemment en Suisse, avec entre 50 et 70 cas par an, tous types d’avions confondus.

En avril dernier, c’est le pilote d’un avion de tourisme qui s’est perdu. Parti de Grenchen, il n’a jamais pris contact avec la tour de contrôle de Genève. Aucun contact n’était en outre possible sur la fréquence d’urgence usuellement utilisée en pareils cas. L’avion a tout simplement disparu des radars.

A terre, à la tour de contrôle de Payerne, la surveillance militaire est sollicitée et parvient à localiser l’avion qui tourne en cercle au-dessus du lac de Neuchâtel. Quand le pilote est enfin contacté par Skyguide via son numéro de natel qu’il avait donné dans son plan de vol, il s’écrie: «Thanks God, I am lost!» ou «Merci mon Dieu, je suis perdu!» Il explique alors qu’une panne électrique affecte la navigation, la communication et l’affichage du train d’atterrissage de son appareil. L’équipe de Skyguide lui propose de se dérouter sur l’aérodrome de Payerne, le guide et l’appareil peuvent atterrir sans encombre.

Aider les pilotes
«Ce cas réel montre que Skyguide n’est pas là que pour faire la police du ciel mais aussi pour aider les pilotes», note le Broyard Olivier Perrin, directeur de la sécurité chez Skyguide. «C’est une situation d’urgence pour nous. Nos contrôleurs sont entraînés pour ça, dans leur formation de base puis en formation continue. Notre but principal est d’éviter les accidents. La sécurité est notre bien le plus précieux.»

«Le cas montre de manière exemplaire la collaboration étroite et intensive entre Skyguide et les forces aériennes, précise-t-il. Elle est essentielle et se vit au quotidien. Les forces aériennes ont une mission différente des civils, mais partagent la même culture.»

Skyguide, qui a fêté ses 100 ans en 2022, faisait partie de la Confédération jusque dans les années 1980 où elle devient Swisscontrol. Entre 2001 et 2010, elle intègre le contrôle militaire et devient Skyguide, œuvrant sur mandat de prestations de la Confédération qui en reste propriétaire. «Des services aériens civils et militaires regroupés sur un même site, c’est assez unique, en Europe et même dans le monde», précise Olivier Perrin.

Une vingtaine de collaborateurs à Payerne
Skyguide emploie quelque 1600 personnes sur deux sites principaux, Dubendorf et Genève où elle a son siège, dont 130 personnes sur les aérodromes régionaux et militaires, avec une grosse vingtaine de personnes à Payerne pour de la surveillance 24 h/24 et 365 jours par an depuis 2021.

Au carrefour de l’Europe et à la croisée des lignes aériennes, la Suisse comptabilise 1,32 million de vols par an (2024), dont 83 500 vols militaires. A Payerne, ils étaient au nombre de 18 914 militaires pour 2123 civils l’an dernier

Si la mission première de Skyguide est la prévention des collisions, elle travaille à maintenir un flux de trafic efficace, fournit des informations aux équipes en cas de problèmes, alarme les services de secours, guide les vols militaires et assure leur intégration dans l’espace civil dans le but de protéger la souveraineté de l’espace aérien.

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