Médecin, manager, syndic, cavalier, motard… Il n’est pas facile de cerner la personnalité de Xavier Dégallier. Pourtant, au fil de la discussion, ce qui l’anime se dessine peu à peu: c’est un humaniste. Une attitude qu’il a forgée en observant sa mère, infirmière dévouée au service des autres.

Tout en revendiquant le titre de médecin de campagne, ce Broyard de 50 ans achève un master en gestion des institutions de santé. «J’ai apprécié cette formation, elle m’a apporté de nouvelles compétences utiles tant dans mes fonctions de syndic que de médecin-chef de la Policlinique de l’HIB de Moudon. Cela me permet d’aller plus vite tout en respectant l’autre.»

Xavier Dégallier possède une riche expérience qui lui permet de concilier humanité et efficacité. «Dans la santé chaque minute compte. Pourtant, il faut prendre le temps de l’écoute pour être efficace. Une étude a montré qu’en Suisse 40% des patients ne prennent pas ou mal leurs médicaments. C’est inefficace et onéreux. Pour que les patients suivent leur médication, il est indispensable qu’elle ait du sens à leurs yeux.» Selon Xavier, il y a deux conditions nécessaires: une relation de confiance entre patient et médecin, et une compréhension du traitement par le patient.

La dimension pédagogique des soins
«Ecouter et expliquer, c’est la dimension pédagogique des soins. Cela prend du temps, mais ce n’est jamais du temps perdu. C’est pourquoi je suis souvent en retard. La confiance d’un patient est une belle récompense, mais elle est aussi essentielle au succès du traitement.» S’il est attaché à la relation avec ses patients, le docteur Dégallier est aussi un homme public qui aime s’investir en politique. En premier lieu pour la politique de la santé. Il y défend une vision holistique du patient en s’investissant pour la formation et la reconnaissance des médecins généralistes. Ensuite, en tant que syndic de la petite commune de Rossenges, en dessus de Moudon. «Il appartient à chaque citoyen de faire vivre la démocratie, de s’y investir pour la préserver. Elle est fragile. Il faut en prendre soin. J’aime m’impliquer, cela permet de rencontrer les autres, de les comprendre et de trouver des consensus qui font sens.» Pour Xavier, faire vivre la démocratie, c’est aller à la rencontre de l’autre pour bâtir quelque chose ensemble.

Des rencontres, il en a fallu beaucoup pour mener à bien le projet de la Policlinique de l’HIB de Moudon qui fête ses cinq ans d’activité. De 2014 à 2020, Xavier Dégallier en a été l’une des chevilles ouvrières. «Rencontrer, écouter, expliquer, débattre, rassurer… j’ai aimé m’investir avec d’autres dans ce projet. Je suis fier du résultat.»

Esprit d’analyse
Humaniste, certes, mais pas que. De son père ingénieur agronome, enseignant à l’école d’agriculture de Grange-Verney, il a hérité le côté cartésien. Il aime analyser chiffres et graphiques. Ses patients le savent. Lors des consultations, il tourne l’écran de son ordinateur pour présenter les résultats d’une analyse, expliquer les avantages et les risques de la prise d’un médicament. «J’ai à cœur que mes patients comprennent leur situation et, qu’en définitive, la décision du traitement soit aussi la leur, qu’ils aient pu mesurer le risque.»

Mesurer le risque. Voilà bien une notion qui caractérise Xavier le motard de circuit. «Lorsque j’aborde un virage à 280 km/h, je ne pense qu’à cela. Je suis tout entier dans l’action. C’est une mesure de risque continuelle. Je dois prendre des décisions successives en quelques fractions de seconde, sans hésitation aucune. Sinon c’est la chute. Ce sport me permet de me vider la tête, mais il a aussi des vertus formatrices. Il m’apprend à décider vite, à consolider mes décisions et à renforcer ma confiance en moi. C’est comme en médecine, pour bien décider il faut savoir ce que l’on fait et surtout connaître ses limites.»

Connaître ses limites et ne pas aller au-delà aux dépens du patient. Voilà un des aspects du serment d’Hippocrate que Xavier Dégallier cultive sur sa moto.

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